De quoi ça parle ?
Les hubots, androïdes dont le nom est un mot-valise de « humain » et « robot », ont été créés par l’homme pour différents usages : bonne à tout faire, aide gériatrique, ouvrier, poupée sexuelle… Dans tous les cas, leur statut de machine amène beaucoup d’humains à ne pas avoir une grande considération pour eux, voire même pour certains à les maltraiter sans scrupule. Un jour, la famille Engman achète un hubot, qu’elle nomme Anita. Mais Inger, son mari et leurs enfants vont vite se rendre compte que la nouvelle venue ne semble pas être une machine comme les autres…
Mon avis :
Tout d’abord, un petit mot sur comment j’en suis venue à m’intéresser à cette création suédoise. Il y a quelques mois, j’ai joué à « Detroit: Become Human », un titre PS4 sorti en mai 2018 mais dont j’avais jusqu’alors uniquement testé la démo. En trainant sur les forums de jeuxvideo.com pour prolonger le plaisir quand je n’étais pas devant ma console, j’ai lu les posts de plusieurs internautes qui comparaient le jeu à une série intitulée « Real Humans », sortie en 2012 et abordant des thèmes et des problématiques similaires. Après avoir fini l’histoire de toutes les façons possibles (si vous connaissez le système de jeu, vous comprendrez de quoi je veux parler), j’ai donc voulu voir de mes propres yeux ce qu’il en était, d’autant plus que j’étais assez triste de quitter Detroit. Force est de constater que les ressemblances sont bien présentes, j’aurais beaucoup de mal à croire qu’aucun membre de l’équipe de développement du jeu chez Quantic Dream n’ait eu vent de cette série. Par exemple, dans les deux cas, les androïdes ont le sang bleu. Choisir une couleur autre que le rouge pour distinguer les machines des humains, OK, mais opter pour la même, comme par hasard ? Concentrons-nous donc sur « Real Humans : 100 % Humain » ou « Äkta Människor » en VO.
Je dois admettre que parmi toutes les séries que je suis ou que j’ai regardées, c’est l’une des rares qui, au-delà du divertissement, fait réfléchir, et qui plus est sur des sujets plutôt profonds. Le fait que des machines ressemblent à des humains suffit-il à considérer comme inacceptable le fait de les maltraiter ? Les androïdes peuvent-ils provoquer le déclin d’une société en occupant des postes jusqu’ici réservés aux humains, mettant ces derniers au chômage ? Les hubots peuvent-ils croire en Dieu, sachant que Dieu a créé l’homme à son image, mais que c’est l’homme qui a créé les hubots ? Les relations amoureuses sont-elles possibles et viables entre un humain et un robot, et l’augmentation du nombre de personnes se déclarant transhumainsexuelles ne risque-t-elle pas de mettre en péril la survie de l’humanité ? Voici quelques exemples de questions que cette fiction peut soulever. En fait, on se rend très vite compte que le clivage humains vs. machines fait écho à d’autres conflits historiques et sert à aborder différents sujets de société : la condition d’esclave de beaucoup de hubots et le fait que certains d’entre eux soient passés à tabac uniquement parce qu’ils ne sont pas humains ; les difficultés et le délai pour adopter un enfant pour un couple qui n’a pas la possibilité de devenir parents autrement ; la quête de la vie éternelle pour des humains qui ont désormais à leur disposition des corps qui ne vieillissent pas et n’ont pas besoin de se nourrir… D’un point de vue divertissement, ce n’est pas une série avec énormément d’action, mais il y a des rebondissements, l’intrigue avance à chaque épisode, c’est juste que le rythme est peut-être moins intense que ce à quoi je suis habituée. Par contre, il ne faut pas être totalement hermétique à la science-fiction pour apprécier le scénario, puisqu’il repose sur le fait que certains robots sont capables d’éprouver des sentiments et de penser par eux-mêmes.
Je ne sais pas quelles techniques ont été utilisées pour maquiller les comédiens qui incarnent les hubots, mais c’est très réussi, ils ont vraiment une apparence d’humains pas très naturels (on comprend tout de suite que ce sont des machines), et leur jeu d’acteur enfonce le clou. Le casting est également très varié, on a tous les types de profils du côté des humains comme de celui des androïdes, que ce soit en termes d’âge, de couleur de peau, de corpulence… Même au niveau de leur psychologie et de leur façon de penser, on trouve de tout dans chaque camp : il y a les humains qui détestent les hubots et militent contre eux (les fameux auto-proclamés « Real Humans ») et ceux qui au contraire les adorent et défendent ardemment leurs droits (surnommés les « hubbies »). Chez les robots, ceux qui se sont libérés et sont donc dotés du libre arbitre n’ont pas tous la même opinion sur les humains : certains sont animés par la vengeance et l’envie de dominer l’humanité, alors que d’autres rêvent de ressembler le plus possible à leurs créateurs et de s’intégrer à la société afin de mener une vie paisible à leurs côtés. De ce fait, en fonction de ses convictions personnelles, chaque spectateur peut avoir ses personnages préférés, qui seront probablement différents de ceux de son voisin.
Malheureusement, il y a un gros bémol, dont je ne m’étais pas rendue compte quand j’ai commencé mon visionnage : lorsque la saison 2 s’est terminée, une suite était prévue, mais elle a finalement été annulée faute d’audience satisfaisante. Sauf que les derniers épisodes ont été écrits dans l’optique qu’une saison 3 allait exister. On se retrouve donc, comme ça arrive malheureusement trop souvent à mon goût dans le monde des séries, avec une histoire inachevée et un tas de questions qui restent en suspens et pour lesquelles il n’y aura jamais de résolution. C’est vraiment dommage, parce que le scénario gagne en intensité à ce moment-là et le téléspectateur a vraiment envie de savoir comment les personnages vont évoluer, si ceux qui sont en danger vont s’en sortir etc. Je sais qu’il existe un remake américano-britannique de « Äkta Människor » qui s’appelle tout simplement « Humans » et comporte trois saisons. Je ne sais pas si je la regarderai, peut-être pas tout de suite car voir un copier-coller dans la foulée ne m’intéresse pas. En tout cas, c’était sympa de découvrir une fiction suédoise, ça change.
Note : ♥♥♥
Douglas, Florentine, Odi, Beatrice, Jonas, Inger, Roger et Mimi : qui est humain, qui est hubot ?